Analyse psychologique de l'envers du sport : jeu, set et crise d'angoisse

Dans cet article, je vais essayer d'expliquer certains passages du documentaire l'envers du sport : Jeu, set et crise d'angoisse au travers de la psychologie et de la littérature scientifique.

La force mentale dans le sport 

Le premier point concerne la force mentale énoncée dans le documentaire comme la combativité (il ne faut pas fuir, se plaindre ou pleurer), le fait de ne montrer aucune faiblesse et faire ce qu'il faut pour réussir. L'académie de SADDLEBROOK préconise, pour travailler la force mentale, de montrer une cassette (oui c'était courant à cette époque) avec des joueurs de tennis qui étaient fort mentalement. Cette méthode rejoint la théorie de Bandura sur l'apprentissage vicariant (par observation). Récemment dans la littérature, la force mentale a été modéliser par Clough et al. (2002) comme étant la confiance (en soi et aux autres), le sentiment de contrôle (sur ses émotions et sur sa vie), l'engagement et les défis. La littérature a montré que pour augmenter ces six composantes, il est intéressant de mettre en place un travail sur la fixation de buts, la relaxation, le contrôle attentionnel, le dialogue interne, la mise en place de séances dans un environnement difficile et stressant ainsi que mettre l'accent sur les forces des sportifs (Clough et al., 2002; Weiberg et al., 2016; Gordon et al., 2011). Pour conclure ce point,  je pense qu'il est important de mettre en place un travail individuel, spécifique au sportif afin qu'il puisse progresser dans les différentes habiletés mentales au lieu de vouloir qu'il rentre dans un cadre préétabli. Effectivement, cela va lui permettre de se sentir acteur/autonome concernant son travail (augmentation de la motivation d'accomplissement et évitement toute sorte de dépendance) et de se sentir compétent lorsqu'il va progresser sur une de ses habiletés mentales (augmentation de la confiance en soi).  


Les troubles anxieux et la symptomatologie de la dépression dans le sport

Le deuxième point, concerne le moment où Mardy Fish parle de ses troubles anxieux dans le documentaire. Selon une méta-analyse récente, les athlètes et les non-athlètes ne présentaient aucune différence dans les profils d'anxiété (Rice et al., 2019). Selon cette même méta-analyse, les éléments produisant de l'anxiété dans le sport sont:

- L'insatisfaction concernant la carrière 

- Le sexe (athlètes féminines) 

- l'âge (athlètes jeunes) 

- les blessures musculo-squelettiques 

- les événements vie défavorables récents 

Si on analyse le discours au travers de ces éléments issus de la méta-analyse, il est possible de mettre en avant des pistes explicatives concernant l'apparition du trouble anxieux chez ce joueur de tennis:

- l'insatisfaction concernant sa carrière (comparaison sociale régulière aux meilleurs joueurs des États-Unis). 

- les événements vie défavorables récents 

- Potentiellement, une absence de prise en charge pour comprendre et travailler sur l'anxiété

Il se pourrait que d'autres éléments aient pu l'amener à l'apparition de troubles anxieux ainsi qu'à des symptômes dépressifs.

- les pressions environnementales (n°1 USA) 

- les ruminations 

- la dissonance cognitive entre ses propres valeurs et celles de la compétition (en compétition tu dois avoir aucune faiblesse)  

- un soutien social moindre (moins de sortie avec ses amis) 

- L'identité sociale et la construction de son estime de soi étant basées presque exclusivement sur le sport (Brewer, 1993 ; Cieslak 2004).

- les croyances fixes et stables (par exemple, je dois réussir)  


Les attaques de panique dans le sport 

Le troisième point concerne l'attaque de panique subie par le joueur de tennis. Elle se définit comme une expérience subjective d'intense d'angoisse accompagnée par des symptômes physiologiques. (DSM-V). C'est donc une expérience multidimensionnelle propre à chacun (sur le plan subjectif, physiologique et comportemental) (Schmidt et al., 2002). Les symptômes sont les suivants (DSM-V):

- Palpitation

- sudation

- tremblement

- manque d'air

- nausée

- frisson

- bouffée de chaleur

- déréalisation ou dépersonnalisation

- peur de perdre contrôle, de devenir fou ou de mourir

Dans la littérature, il existe un certain nombre de traitements ayant montré une efficacité: 

- les thérapies cognitivo-comportementale (Butler et al., 2006) 

- la restructuration cognitive (Clark et al., 2004) 

- l'exposition in vivo ou l'exposition en réalité virtuelle (Craske et al., 2014)

- la méditation de pleine conscience (Borkovec, 2002) 

- l'imagerie mentale (Foa et al., 1998)

- les techniques de relaxation (training autogène Schulz, relaxation progressive Jacobson, cohérence cardiaque et relaxation vagale) (Ost et al., 2000; Edwards et al., 2016; Servant et al., 2014)  

- les traitements pharmacologiques (American Psychiatric Association, 1998 par exemple)

Pour conclure ce point, il est important de faire un travail avec un psychologue si une attaque de panique surgit car sans traitement, il y a des risques de développer une dépression majeure (Brown et al., 1995 par exemple) 


L'analyse d'une phrase d'un point de vue de la psychologie du sport 

Le dernier point concerne une phrase énoncée par le célèbre joueur de tennis  Andy Roddick "j'étais énervé à l'entrainement, j'ai changé d'état d'esprit et j'ai frappé la balle le plus fort possible. Elle était bonne et j'ai recommencé pendant 15 ans".  

Concernant la phrase de Roddick, il y a deux points intéressants: 

1. le switching attentionnel (Moran, 2004)

2. le changement d'état d'esprit (mindset)

Concernant le switching attentionnel (Moran, 2004), la théorie stipule qu'il est possible de sélectionner/zoomer sur des informations pertinentes à la tâche (frappé le plus fort la balle) et ignorer les distractions (pensées de frustration).

Concernant le mindset (Gollwitzer 1991), la théorie énonce quatre phases:

 1 Phase pré-décisionnelle: volonté de changer d'état esprit 

2. Phase pré-actionnelle: attention portée sur frapper le plus fort dans la balle 

3. Phase d'action: technique mise en place (engagement)

4. Phase post-actionnelle: renforcement (efficace) 


Conclusion finale 

Au travers de cet article sur cette série, il me semble primordial que les athlètes puissent avoir un suivi en psychologie du sport (sur le versant psychopathologique) ou en préparation mentale (pour travailler sur la force mentale, sur les aspects attentionnels ou sur de l'anxiété faible à modéré) afin de vivre au mieux leur activité.  PS: j'ai tenté de proposé une explication en me basant sur la littérature en psychologie. Evidemment, les seules personnes qui peuvent dire si cela est cohérent ou non sont les personnes qui ont vécues ces moments,