La bigorexie, qu'est ce que c'est ?

Introduction 

Dans la littérature scientifique, la bigorexie a été diversement conceptualisé comme :

- un trouble de l'alimentation, puis comme un type de trouble dysmorphique du corps au sein des troubles somatoformes

- une addiction à la pratique sportive

 En spécifiant le but ultime de l'exercice, il est possible de différencier les deux conceptions et donc de renseigner sur le diagnostic (Cunningham et al., 2016; Murray et al., 2010). 

Le trouble de la dysmorphie du corps

Définition: 

Le trouble dysmorphique du corps (TDC) se définit comme l'insatisfaction à l'égard de tout ce qui touche au corps humain, de la calvitie à l'apparence de la peau (DSM-IV; Phillips, 1991 ; Veale et al., 2003). Les défauts perçus du corps ne sont souvent pas remarqués par les autres mais sont réels pour la personne qui les ressent. La focalisation sur le défaut est si préoccupante que les personnes deviennent souvent déprimées, obsédées et peuvent même perdre leurs relations ou leur emploi en conséquence (par exemple, Pope et al., 2000).

La dysmorphie musculaire (DM) est un état mental et comportemental dans lequel l'individu se perçoit comme insuffisamment grand et musclé alors qu'en général, il possède une musculature et une maigreur supérieures à la moyenne des gens (Dos Santos Filho et al., 2016)

Critères du trouble dysmorphique du corps (TDC) (DSM-V): 

1. Préoccupation pour un défaut d'apparence imaginaire.  Si une légère anomalie physique est présente, la préoccupation de la personne est nettement excessive.

2. La préoccupation cause une détresse ou une altération cliniquement significative dans le domaine social, professionnel ou dans d'autres domaines importants pour le fonctionnement de la personne.

3. La préoccupation n'est pas mieux expliquée par un autre trouble mental (par exemple, l'insatisfaction de la forme et de la taille du corps dans l'anorexie mentale).

Critères de la dysmorphie musculaire  (Cohane et al., 2001; Dawes et al., 2004; Olivardia et al., 2000; Zorpette, 1998):

1. L'individu est obsédé par la croyance que son corps devrait être plus maigre et plus musclé. Il consacre souvent beaucoup de temps à l'haltérophilie et à son régime alimentaire.

2. Au moins 2 des 4 critères suivants doivent être réunis:

a. La personne renonce fréquemment à des activités sociales, professionnelles ou récréatives importantes en raison d'un besoin compulsif de maintenir son programme d'entraînement et de régime.

b. Les circonstances impliquant l'exposition du corps sont de préférence évitées ; si l'évitement n'est pas possible, un malaise et une inquiétude importants se manifestent

c. Les performances dans le domaine professionnel et social sont affectées par les déficiences corporelles présumées.

d. Les effets potentiellement préjudiciables du régime d'entraînement ne parviennent pas à décourager l'individu de poursuivre des pratiques dangereuses

3. Contrairement à l'anorexie mentale, dans laquelle la personne est préoccupée par son surpoids, ou à d'autres types de trouble dysmorphique corporel, dans lesquels la préoccupation porte sur d'autres aspects physiques, la personne atteinte de dysmorphie musculaire croit que son corps est insuffisamment musclé ou trop petit.


L'addiction au sport (Véléa , 2002):

Définition: 

«une habitude d'exercice pathologique, l'individu adhère à un régime strict malgré les conséquences physiques et psychologiques négatives, qui sont suffisamment graves pour perturber le fonctionnement quotidien » (Szabo et al., 2015).

Critères: 

Tolérance : le fait d'augmenter le niveau d’exercice dans le but d’obtenir l’effet recherché (par exemple, un sentiment d’accomplissement). 

Retrait : les effets négatifs comme l’anxiété, l’irritabilité, l’agitation et les troubles du sommeil. 

Perte de contrôle : l'impossibilité de réduire le niveau d’exercice ou d’arrêter la pratique pendant une certaine période de temps. 

Effets d’intention : l'incapacité de suivre la routine prévue soit en dépassant le temps consacré à l’exercice soit en allant au-delà de la quantité prévue. 

Temps : une grande partie du temps est dépensée à se préparer, pratiquer et récupérer de l’exercice. 

Réduction des autres activités : les activités récréatives, sociales, occupationnelles arrivent moins souvent ou sont stoppées. 

Continuité : la poursuite de la pratique en dépit du fait que l’activité créée ou exacerbe des problèmes physiques, psychologiques et/ou avec les autres.


Stratégies pour les encadrants (INSEP): 

•Sensibiliser l’athlète à une rééquilibration du projet de vie

•Créer un référentiel personnel de réussite

•Fixer des objectifs

•Utilisation technique pour accepter ou modifier les pensées

•Proposer un travail en relaxation

Orienter vers un psychologue (validité scientifique des TCC: Grive et al., 2009;  Leone et al., 2005; Kenny et al., 2012)