Le flow dans la littérature en psychologie du sport

Définition

Le flow peut donc être défini comme une situation où « l’athlète est poussé vers ses limites mais qu’il perçoit posséder les ressources suffisantes pour répondre aux demandes de la tâche ce qui conduit à un état psychologique caractérisé par une intense concentration, une automaticité du mouvement et un sentiment de contrôle » (Csikszentmihalyi, 2002)

Explication

Le flow, comme la force mentale, est une notion provenant de la psychologie positive (Seligman et al., 2000). Ces deux concepts définissent des états psychologiques liés à des performances supérieures (Swann et al., 2016).

Le flow est utilisé pour décrire une expérience intrinsèquement motivante, qui modifie l’état de conscience et qui apparaît, généralement, quand un haut niveau d’habiletés perçues correspond à un haut niveau de défis (Crust et al., 2013). Lorsque les individus sont amenés à défier leurs limites mais qu’ils perçoivent leurs ressources comme proportionnelles aux exigences de la tâche, un état psychologique, caractérisé par une intense concentration (Csikszentmihalyi, 2002), une automatisation de l’expérience (Swann, Crust & Vella, 2017), un sentiment de contrôle (Csikszentmihalyi, 2002), des perceptions altérées, de la confiance, une augmentation de la motivation et une immersion totale dans la tâche (Swann et al., 2017), se manifeste.

Le flow est évoqué par les individus comme le fait de « laisser se produire » (Swann et al., 2016 ; Swann, Crust, Jackman, Vella, Allen & Keegan, 2017) ce qui les amène à être totalement absorbés dans une activité spécifique, engendrant une suppression de pensées critiques et d’émotions négatives (Swann et al., 2017). Lorsque les individus éprouvent cet état, ils le décrivent comme un éveil optimal et intense ressemblant à de la sérénité ou du relâchement. Ils abordent aussi cet état comme une expérience totalement automatique dans laquelle leur performance se produit sans effort (Swann et al., 2017). La personne a donc souvent un sentiment que quelque chose de spécial s’est produit et ces expériences peuvent être positives et hautement appréciées. (Csikszentmihalyi, 2002 ; Jackson & Csikszentmihalyi, 1999). Effectivement, les individus qui expérimentent cet état se sentent dynamisés, ceci les amène non seulement à avoir envie de continuer à pratiquer l’activité, mais aussi à recommencer immédiatement après l’arrêt de celle-ci (Swann et al., 2017). En effet, les athlètes, après avoir expérimenté cet état, reçoivent un éventail de récompenses comme : de la fierté, de la satisfaction et un sentiment d’accomplissement (Swann et al., 2017). L’expérimentation du flow a donc un grand nombre de points positifs d’un point de vue psychologique (Swann et al., 2017). De plus, le flow a été souvent associé à l’élévation : du bien-être (Haworth, 1993), de l’image de soi (Jackson, Thomas, Marsh, & Smethurst, 2001), de la positivité de l’expérience subjective (Csikszentmihalyi, 1975 ; Csikszentmihalyi, 2002a) et de la performance objective (Jackson & Roberts, 1992).

Cette insertion entre le pic de performance et le pic d’expérience est le point central de l’expérience du flow et cela amène à dire que cet état se trouve être pertinent dans le domaine du sport (Swann et al., 2012).

En sport, le flow peut donc être défini comme une situation où « l’athlète est poussé vers ses limites mais qu’il perçoit posséder les ressources suffisantes pour répondre aux demandes de la tâche ce qui conduit à un état psychologique caractérisé par une intense concentration, une automaticité du mouvement et un sentiment de contrôle » (Csikszentmihalyi, 2002).Ce concept a été théorisé par Csikszentmihalyi (2002) selon un modèle en neuf dimensions. Trois dimensions concernent les conditions d’apparition de cet état et les six autres en sont les caractéristiques.

Pour permettre l’apparition du flow, il est fondamental pour l’individu:

- d’atteindre un équilibre entre défis et compétences (e.g., des situations qui sont stimulantes pour l’individu et dans lesquelles il est capable de répondre aux défis en dépassant ses capacités « normales » pour accomplir la tâche), 

- d’avoir un but clair qui est inhérent à l’activité et qui doit être visé par ce même individu

- de recevoir des feedbacks non ambigus pour lui permettre, soit de s’informer sur sa progression, soit de s’ajuster

Les caractéristiques souvent évoquées par les sportifs lors de l’atteinte de cet état sont les suivantes :

- le regroupement entre conscience et action (e.g., totale absorption ou sentiment de ne faire qu’un avec l’activité)

- la concentration intense sur la tâche (e.g., concentration totale sans pensées extérieures ou distrayantes)

- le sentiment de contrôle (e.g., sur la performance ou sur le dénouement de l’activité)

- la perte de conscience de soi (e.g., diminution de la conscience de soi-même et de l’évaluation sociale)

- la transformation du temps (e.g., la perception du temps peut s’accélérer ou se ralentir)

- finalement l’expérience autotélique qui occupe un statut particulier car elle n’apparaît que grâce à la combinaison des huit dimensions précédemment citées.

Ce terme d’expérience autotélique a été utilisé par Csikszentmihalyi (1975) pour décrire ces expériences comme étant agréables et intrinsèquement enrichissantes et gratifiantes.